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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/232

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tout ce que l’on veut de l’Église romaine ou de la papauté ; nous sommes très éloignés nous-même d’y voir ou d’y chercher la perfection atteinte, l’idéal réalisé. Nous savons que la pierre de l’Église n’est pas l’Église, que le fondement n’est pas l’édifice, que la voie n’est pas le but. Tout ce que nous avançons, c’est que la papauté est le seul pouvoir ecclésiastique international et indépendant, la seule base réelle et permanente pour l’action universelle de l’Église. C’est là un fait incontestable, et il suffit pour faire reconnaître dans le pape le dépositaire unique des pouvoirs et des privilèges que saint Pierre a reçus du Christ. Et puisqu’il s’agit de la monarchie ecclésiastique universelle qui devait transsubstancier la monarchie universelle politique sans la supprimer complètement, n’est-il pas naturel que le siège extérieur de ces deux monarchies correspondantes soit resté le même ? Si, comme nous l’avons dit, la dynastie de Jules César devait, dans un certain sens, être remplacée par la dynastie de Simon Pierre — le césarisme par la papauté, — celle-ci ne devait-elle pas se fixer dans le centre réel de l’empire universel ?

La translation à Rome du souverain pouvoir ecclésiastique fondé par le Christ dans la personne de saint Pierre est un fait patent attesté par la tradition de l’Église et justifié par la logique des choses. Quant à la question de savoir comment et dans quelles formes le pouvoir de Pierre a été transmis à