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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/233

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l’évêque de Rome, c’est là un problème d’histoire qui, faute de documents, ne saurait être résolu d’une manière scientifique. Nous croyons à la tradition orthodoxe, consignée dans nos livres liturgiques, qui affirme que saint Pierre étant venu à Rome y avait fixé définitivement son siège et qu’avant de mourir il avait nommé lui-même son successeur. Dans la suite on voit les papes élus par la communauté chrétienne de la ville de Rome jusqu’à ce que le mode actuel de l’élection par le collège des cardinaux eût été définitivement établi. En outre, nous avons dès le IIe siècle (les écrits de saint Irénée) des témoignages authentiques qui prouvent que l’Église de Rome était déjà considérée, par tout le monde chrétien, comme le centre de l’unité, et que l’évêque de Rome jouissait constamment d’une autorité supérieure, quoique les formes dans lesquelles cette autorité supérieure se manifestait dussent nécessairement varier selon les temps, en devenant plus déterminées et plus imposantes à mesure que toute la structure sociale de l’Église se compliquait, se différenciait et se développait de plus en plus.

« De fait, — c’est un historien critique et rationaliste qui parle — de fait en 196, les chefs élus des Églises tentaient de constituer l’unité ecclésiastique : l’un d’eux, le chef de l’Église de Rome, semblait s’attribuer le rôle de pouvoir exécutif au sein de la communauté et s’arroger l’office de sou-