Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que s’il était positivement démontré que saint Pierre n’est pas allé à Rome, — le pape devrait être considéré comme le successeur de saint Pierre dans le même sens spirituel et pourtant tout à fait réel où (mutatis mutandis) saint Paul doit être reconnu comme véritable apôtre élu et envoyé par Jésus-Christ qu’il n’a connu cependant que par une vision miraculeuse. L’apostolat de saint Paul est attesté par les Actes des Apôtres et par les Épîtres de saint Paul lui-même ; la primauté romaine comme succession de saint Pierre est attestée par la tradition constante de l’Église Universelle. Pour un chrétien orthodoxe cette dernière preuve n’est pas essentiellement inférieure à la première.

Comment la pierre fondamentale de l’Église a été transportée de la Palestine en Italie, nous pouvons bien l’ignorer ; mais qu’elle a été vraiment transportée et fixée à Rome, c’est là un fait inébranlable qu’on ne saurait rejeter sans renier la tradition sacrée et l’histoire même du Christianisme.

Ce point de vue qui subordonne le fait au principe et tient à une vérité générale plus qu’à la certitude extérieure des phénomènes matériels — ce point de vue ne nous est pas du tout personnel : c’est l’opinion de l’Église orthodoxe elle-même. Citons un exemple pour faire mieux comprendre notre pensée. Il est tout à fait certain que le premier concile œcuménique de Nicée a été convoqué par l’Empereur Constantin et non pas par le pape saint