Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particulier — nation, classe, individu — en tant qu’il s’affirme pour soi et s’isole de la totalité divino-humaine, agit contre la vérité ; et la vérité, si elle est vivante en nous, doit réagir et se manifester comme justice. Ainsi, après avoir reconnu la solidarité universelle (l’uni-totalité) comme vérité, après l’avoir pratiquée comme justice, l’humanité régénérée pourra la ressentir comme son essence intérieure et en jouir complètement dans l’esprit de la liberté et de l’amour.

Tous sont un dans l’Église par l’unité de la hiérarchie, de la foi et des sacrements ; tous sont unifiés dans l’État chrétien par la justice et la loi ; tous doivent être un dans la charité naturelle et la coopération libre. Ces trois modes, ou plutôt trois degrés de l’unité, sont indissolublement liés entre eux. Pour imposer aux nations, aux classes et aux individus, la solidarité universelle, le Royaume de Dieu, l’État chrétien doit y croire comme à la vérité absolue révélée par Dieu lui-même. Mais la révélation divine ne peut pas s’adresser immédiatement à l’État comme tel, c’est-à-dire à l’humanité naturelle et extra-divine : Dieu s’est révélé, Il a confié sa vérité et sa grâce à l’humanité élue, qu’il a sanctifiée et organisée lui-même, c’est-à-dire à l’Église. Pour soumettre l’humanité à la justice absolue, l’État — produit lui-même des forces humaines et des circonstances historiques — doit se justi-