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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/23

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l’État chrétien est fondée sur la loi et la justice ; l’élément propre de l’union prophétique ou de la société parfaite est la liberté et l’amour.

L’Église proprement dite, représentée par l’ordre hiérarchique, réunit l’humanité avec Dieu par la profession de la vraie foi et par la grâce des sacrements. Mais, si la foi que l’Église communique à l’humanité chrétienne est une foi vivante et si la grâce des mystères sacrés est une grâce efficace, l’union divino-humaine qui en résulte ne peut pas être confinée au domaine spécialement religieux, mais doit s’étendre à tous les rapports publics des hommes, régénérer et transformer leur vie sociale et politique. Ici s’ouvre pour l’humanité un champ d’action propre. Ici l’action divino-humaine n’est plus un fait accompli comme dans l’Église sacerdotale, mais une œuvre à faire. Il s’agit de réaliser dans la société humaine la vérité divine, il s’agit de pratiquer la vérité. Or, dans son expression pratique, la vérité s’appelle justice.

La vérité c’est l’existence absolue de tous dans l’unité, c’est la solidarité universelle qui est éternellement en Dieu, qui a été perdue par l’Homme naturel et regagnée en principe par l’Homme spirituel — le Christ. Il s’agit donc de continuer par l’action humaine l’œuvre unificatrice de l’Homme-Dieu en disputant le monde au principe contraire de l’égoïsme et de la division. Chaque être