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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/256

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nous, le pape saint Léon le Grand est un hérétique manifeste ou même un hérésiarque puisque personne avant lui n’a affirmé cette thèse d’une manière si explicite, avec tant de force et tant d’insistance.

Voyons donc quel accueil l’Église orthodoxe a fait aux affirmations autoritaires du pape saint Léon. Prenons les actes des conciles grecs contemporains de ce pape (les volumes V, VI et VII de la collection Mansi) et lisons les documents. Nous trouvons d’abord une lettre remarquable de l’évêque Pierre Chrysologue à l’archimandrite Eutychès. Quand le patriarche de Constantinople, saint Flavien, après avoir, d’accord avec son synode, condamné l’archimandrite d’un des couvents de la capitale grecque, Eutychès, pour cause d’hérésie, s’adressa au pape Léon pour obtenir de lui la confirmation de cette sentence, Eutychès, d’après des conseils qu’on lui donnait à la cour impériale, où il avait des protecteurs puissants, chercha à gagner à sa cause quelques évêques orthodoxes. Il reçut de l’un d’eux, Pierre Chrysologue, la réponse suivante : « Surtout nous te conseillons, frère vénérable, de t’en tenir avec la plus grande confiance aux écrits du bienheureux pape de la ville de Rome ; puisque le bienheureux apôtre Pierre qui vit et qui préside dans sa propre chaire donne à ceux qui cherchent la vérité de la foi. Quant à nous, soucieux de la paix et de la foi, nous ne pouvons connaître