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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/260

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selon les circonstances politiques. On peut voir cependant qu’il n’en était rien en réalité. En faisant une large part aux accidents individuels et aux rapports purement personnels, on doit reconnaître qu’il y avait une raison générale qui déterminait la conduite des empereurs byzantins dans la lutte hiérarchique de l’Orient ; mais cette raison était en dehors des trois considérations politiques que nous venons d’indiquer. Si les empereurs variaient dans leurs rapports avec les deux patriarcats en appuyant tantôt l’un, tantôt l’autre, ces variations ne tenaient pas au principe de l’équilibre : la cour byzantine soutenait toujours non pas celui des deux hiérarques rivaux qui était le plus inoffensif au moment donné, mais celui qui avait tort au point de vue religieux ou moral. Il suffisait à un patriarche, soit de Constantinople, soit d’Alexandrie, d’être hérétique ou pasteur indigne pour s’assurer pendant longtemps, sinon pour toujours, la protection énergique de l’Empire. Et, au contraire, un saint ou un champion de la vraie foi, en montant sur la chaire épiscopale, dans la ville d’Alexandre aussi bien que dans celle de Constantin, devait se préparer d’avance aux haines et aux persécutions impériales et souvent même au martyre.

Cette tendance irrésistible du gouvernement byzantin vers l’injustice, la violence et l’hérésie, et cette antipathie invincible pour les plus dignes représentants de la hiérarchie chrétienne se révé-