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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/263

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pour lui : l’appui du bras séculier, un clergé bien discipliné qu’il amenait avec lui de l’Égypte et qui lui était aveuglement dévoué, une foule de moines hérétiques, un parti considérable dans le clergé des autres patriarcats et enfin la lâcheté de la majorité des évêques orthodoxes qui n’osaient pas résister ouvertement à une erreur quand elle était protégée par « la majesté sacrée du divin Auguste ». Saint Flavien était condamné d’avance, et avec lui l’orthodoxie elle-même devait s’écrouler dans toute l’Église orientale, — si cette Église était abandonnée à ses propres forces. Mais il y avait en dehors d’elle un pouvoir religieux et moral avec lequel les « pharaons » et les Empereurs étaient obligés de compter. Si dans la lutte des deux patriarcats orientaux la cour byzantine prenait toujours le parti du coupable et de l’hérétique, la cause de la justice et de la vraie foi, — qu’elle fût représentée par Alexandrie ou par Constantinople, — ne manquait jamais de trouver un vigoureux appui auprès du siège apostolique de Rome. Le contraste est vraiment frappant. C’est l’empereur Constance qui persécute sans relâche saint Athanase : c’est le pape Jules qui le soutient et le défend contre tout l’Orient. C’est le pape Innocent qui proteste énergiquement contre la persécution de saint Jean Chrysostome et qui, après la mort du grand saint, prend l’initiative pour réhabiliter sa mémoire dans l’Église. C’est encore le pape Célestin qui appuie de toute son autorité