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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/266

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leva et prononça au nom du concile la sentence de condamnation contre Flavien, qui était déposé, excommunié et livré au bras séculier. Flavien voulut protester, mais les clercs de Dioscore se jetèrent sur lui et le maltraitèrent à ce point qu’il expira deux jours après.

Quand l’iniquité, la violence et l’erreur triomphaient ainsi dans un concile œcuménique, où était-elle l’Église infaillible et inviolable du Christ ? Elle était présente et elle se manifesta. Au moment où saint Flavien était meurtri par les brutalités des serviteurs de Dioscore, quand les évêques hérétiques acclamaient bruyamment le triomphe de leur chef, en présence des évêques orthodoxes tremblants et muets, — Hilaire, diacre de l’Église romaine, s’écria : « Contradicitur[1] ! » Ce n’était pas certes la foule terrifiée et silencieuse des orthodoxes orientaux qui représentait en ce moment l’Église de Dieu. Toute la puissance immortelle de l’Église s’était concentrée pour la chrétienté orientale dans ce simple terme juridique prononcé par un diacre romain : contradicitur. On a l’habitude chez nous de reprocher à l’Église occidentale son caractère éminemment juridique et légaliste. Sans doute les principes et les formules du droit romain ne sont pas reconnus dans le Royaume de Dieu. Mais « le brigandage d’Éphèse » était bien fait pour donner

  1. Conciliarum collectio (Mansi), VI, 908.