Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un tel plan, il résolut d’atteindre son but sans le pape ou même contre lui.

L’an 449 un concile œcuménique en forme se rassembla à Éphèse. Toute l’Église orientale y était représentée. Les légats du pape saint Léon y assistaient aussi, mais on ne leur permit pas de présider le concile. Dioscore, protégé par les officiers impériaux, entouré de ses évêques égyptiens et d’une foule de clercs armés de bâtons, siégeait comme un roi au milieu de sa cour. Les évêques du parti orthodoxe tremblaient et se taisaient. « Tous, — lisons-nous dans les Menées russes (vie de saint Flavien), — tous aimaient les ténèbres plus que la lumière et préféraient le mensonge à la vérité, en voulant plutôt plaire au roi terrestre qu’à celui des cieux ». On soumit saint Flavien à un jugement dérisoire. Quelques évêques se jetèrent aux pieds de Dioscore en implorant sa miséricorde pour l’accusé. Ils furent maltraités par les Égyptiens ; ceux-ci criaient à tue-tête : qu’on coupe en deux ceux qui séparent le Christ ! — On distribua aux évêques orthodoxes des tablettes sur lesquelles rien n’était écrit et sur lesquelles ils étaient contraints d’apposer leurs signatures. Ils savaient qu’on allait y inscrire ensuite une formule hérétique. La plupart signèrent sans protester. Quelques-uns voulurent ajouter des réserves à leurs signatures, mais les clercs égyptiens leur arrachèrent de force les tablettes en leur brisant les doigts à coups de bâton. Enfin Dioscore se