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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/270

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salutaire (saluberrimam) que le Seigneur interrogea ses disciples ; et l’apôtre Pierre, par la révélation de l’Esprit du Père, surmontant le corporel et surpassant l’humain, vit par les yeux de l’intelligence le Fils du Dieu vivant et confessa la gloire de la Divinité, car il envisageait autre chose que la seule substance de chair et de sang. Et il s’est tellement complu dans la sublimité de cette foi que, déclaré bienheureux, il acquit la fermeté sacrée de la pierre inviolable, sur laquelle l’Église étant fondée doit prévaloir contre les portes de l’Enfer et contre les lois de la mort. C’est pour cela que dans le jugement de toutes les causes rien ne sera ratifié aux cieux que ce qui est établi par l’arbitre de Pierre[1]. »

Professant que la fonction fondamentale de l’autorité ecclésiastique — celle d’affirmer et de déterminer la vérité chrétienne — est permanente dans la chaire de saint Pierre qu’il occupait, Léon regarda comme son devoir d’opposer à l’hérésie nouvelle un nouveau développement de la confession apostolique. En écrivant sa célèbre épître dogmatique à Flavien, il se considère comme interprète inspiré du prince des Apôtres ; et tout l’Orient orthodoxe le considéra ainsi. Dans le limonaire[2] de saint Sophronius, patriarche de Jérusalem (au VIIe siècle), nous trouvons la légende suivante : « Quand saint Léon eut écrit son épître à saint

  1. S. Leonis magni opera (Migne), t. I, col. 309.
  2. Une sorte de chrestomatie de récits édifiants.