Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

phores, trouvent dans la Trinité divine leur application propre et complète, tandis que dans l’ordre naturel ces termes ne peuvent être employés que d’une manière imparfaite et approximative. Et d’abord, pour les deux premiers, quand nous disons père et fils, nous ne voulons signifier par là aucune autre idée que celle du rapport tout à fait intime entre deux hypostases d’une même nature, essentiellement égales entre elles, mais dont la première donne seulement l’existence à la seconde et ne la reçoit pas d’elle, et la seconde reçoit seulement son existence de la première et ne la lui donne pas. Le père, en tant que père, ne se distingue du fils que parce qu’il l’a produit, et le fils, en tant que fils, ne se distingue du père que parce qu’il est produit par lui.

C’est tout ce qui est contenu dans l’idée de la paternité comme telle. Mais il est évident que cette idée déterminée, si claire et si distincte, ne peut pas être appliquée dans sa pureté et sa totalité à aucune espèce d’êtres créés que nous connaissions : pas dans sa totalité, puisque dans l’ordre naturel le père n’est qu’une cause partielle de l’existence du fils et le fils ne tient qu’en partie son existence du père ; pas dans sa pureté, puisqu’en dehors de la distinction spécifique d’avoir donné et d’avoir reçu l’existence il y a entre les pères et les fils, dans l’ordre naturel, des différences individuelles innombrables, tout à fait étrangères à l’idée même de la