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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/294

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pourrait pas être la cause absolue s’Il n’avait pas dans le Fils son effet absolu et s’Il ne retrouvait pas dans l’Esprit l’unité réciproque et synthétique de la cause et de l’effet.

Il n’en est pas autrement (mutatis mutandis) pour les deux autres hypostases. D’un autre côté, malgré cette dépendance mutuelle ou plutôt à cause d’elle, chacune des trois hypostases possède la plénitude absolue de l’être divin. Le Père n’est jamais limité à l’existence en soi ou à la réalité absolue et primordiale (actus purus), Il traduit cette réalité en action, Il agit et Il jouit, mais Il ne le fait jamais seul, — Il agit toujours par le Fils et Il jouit toujours avec le Fils dans l’Esprit. Le Fils, de son côté, est non seulement l’action ou la manifestation absolue, Il a aussi l’être en soi et la jouissance de cet être, mais Il ne les a que dans son unité parfaite avec les deux autres hypostases : Il a l’être en soi du Père et la jouissance du Saint-Esprit. Celui-ci enfin, comme l’unité absolue des deux premiers, est nécessairement ce qu’ils sont et possède actu tout ce qu’ils ont, mais Il l’est et le possède par eux et avec eux.

Ainsi chacune des trois hypostases possède l’être absolu et cela d’une manière complète : en réalité, en action et en jouissance. Chacune est donc vrai Dieu. Mais comme cette plénitude absolue de l’être divin n’appartient à chacune que conjointement avec les deux autres et en vertu du lieu indissoluble