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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/295

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qui l’unit à elles, il s’en suit qu’il n’y a pas trois dieux. Car pour être comptées les hypostases devraient être isolées. Or, isolée des autres, aucune d’elles ne peut être vrai Dieu, ne pouvant pas même être dans une telle condition. Il est permis de se représenter la Sainte Trinité comme trois êtres séparés, car on ne saurait se la représenter autrement. Mais l’insuffisance de l’imagination ne prouve rien contre la vérité de l’idée rationnelle, clairement et distinctement reconnue par la pensée pure. En vérité il n’y a qu’un seul Dieu indivisible, se réalisant éternellement dans les trois phases hypostatiques de l’existence absolue ; et chacune de ces phases, se trouvant toujours intérieurement complétée par les deux autres, contient en soi et représente la Divinité entière, est vrai Dieu par l’unité et dans l’unité, et non pas par exclusion et à l’état séparé.

Cette unité effective des trois hypostases tient à l’unité du principe — et c’est là la seconde raison de la monarchie divine ou pour mieux dire un second aspect de cette monarchie. Il n’y a dans la Trinité qu’une seule cause première — le Père, et de là provient un ordre déterminé faisant dépendre ontologiquement le Fils du Père, et l’Esprit-Saint du Père et du Fils. Cet ordre est basé sur le rapport trinitaire lui-même. Car il est évident que l’action suppose la réalité et que la jouissance suppose les deux ensemble.