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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/314

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CHAPITRE V.


LE MONDE SUPÉRIEUR. LA LIBERTÉ DES PURS ESPRITS


Bereshithἔν ἀρχῇ ou mieux ἔν κεφαλαιῳ[1]in principio, seu potius in capitulo.

Il faudrait absolument méconnaître le génie de la langue hébraïque, ainsi que l’esprit général de l’Orient antique, pour croire que ces mots qui commencent la Genèse ne présentent qu’un adverbe indéterminé, comme nos termes modernes : au commencement, etc. Quand l’Hébreu employait un substantif, il le prenait au sérieux, c’est-à-dire pensait bien à un être ou à un objet réel désigné par ce substantif. Or, il est incontestable que le mot hébreu reshith qu’on traduit ἀρχή, principium, est un vrai substantif du genre féminin. Le masculin correspondant est rosh, caput, chef. Ce dernier terme, au sens éminent, est

  1. C’est ainsi que le terme « bereshith » a été (d’après le témoignage des Hexaples d’Origène) traduit par Aquila, ce docteur célèbre à qui le Talmud applique les paroles du psaume : « Tu es plus beau que les fils de l’homme. »