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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/315

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employé par la théologie juive pour désigner Dieu, — le chef suprême et absolu de tout ce qui existe. Mais que peut être, à ce point de vue, reshith — le féminin de rosh ? Pour répondre à cette question, nous n’avons pas besoin de recourir aux fantaisies cabalistiques. La Bible est là pour nous donner une solution péremptoire. Dans le chapitre VIII des Proverbes de Salomon que nous avons déjà cités, la Sagesse substantielle, la Khocma, nous dit (v. 22) : jahveh qanani reshith darco — Jahveh me posséda comme principe (féminin) de sa voie. C’est donc la Sagesse éternelle qui est la reshith, le principe ou le chef féminin de tout être, comme Jahveh Elohim, le Dieu tri-un, en est le rosh, le principe ou le chef actif. Or, selon la Genèse Dieu créa le ciel et la terre dans cette reshith, dans sa Sagesse essentielle. Cela veut dire que cette Sagesse divine représente non seulement l’unitotalité essentielle et actuelle de l’être absolu ou la substance de Dieu, mais qu’elle contient aussi en soi la puissance unifiante de l’être divisé et fractionné du monde. Étant l’unité accomplie du tout en Dieu, elle devient aussi l’unité de Dieu et de l’existence extra-divine. Elle est ainsi la vraie raison d’être et le but de la création, — le principe dans lequel Dieu a créé le ciel et la terre. Si Elle est en Dieu substantiellement et de toute éternité, elle se réalise effectivement dans le monde, s’y incarne successivement en le ramenant à une unité de plus en plus parfaite. Elle