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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/331

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plant la lumière intelligible, elle peut embrasser dans une unité idéale (par la conscience et la raison) tout ce qui existe. Être universel en idée, dans sa puissance rationnelle (image de Dieu), l’homme doit devenir effectivement semblable à Dieu en réalisant activement son unité dans la plénitude de la création. Fils de la terre par la vie inférieure qu’elle lui donne, il doit la lui rendre transformée en lumière et en esprit vivifiant. Si par lui — par sa raison — la terre s’est élevée jusqu’aux Cieux, — par lui aussi — par son action, les Cieux doivent descendre et remplir la terre ; par lui tout le monde extra-divin doit devenir un seul corps vivant — incarnation totale de la Sagesse divine.

C’est dans l’homme seulement que la créature se réunit à Dieu d’une manière parfaite, c’est-à-dire librement et réciproquement, parce que, grâce à sa double nature, l’homme seul peut garder sa liberté et rester continuellement le complément moral de Dieu, en s’unissant à Lui de plus en plus intimement par une série suivie d’efforts conscients et d’actions délibérées. Il y a une dialectique admirable dans la loi vitale des deux mondes. La perfection surnaturelle même de la liberté chez un pur esprit, l’absence de toute limite extérieure fait que cette liberté, en se manifestant complètement, s’épuise dans un seul acte ; et l’être spirituel perd sa liberté à force d’en avoir eu trop. Au contraire, les entraves et les obstacles que le milieu extérieur