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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/336

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dans l’humanité est une vérité religieuse que la Chrétienté orthodoxe professe dans sa doctrine et manifeste dans son culte. Si, par la Sagesse substantielle de Dieu, il ne fallait entendre que la personne de Jésus-Christ exclusivement, comment pourrait-on appliquer à la Sainte Vierge tous les textes des livres sapientiaux qui parlent de cette Sagesse ? Or cette application, qui se faisait dès les temps les plus anciens dans les offices de l’Église latine ainsi que de l’Église grecque, a reçu de nos jours une sanction doctrinale dans la bulle de Pie IX sur l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge. D’un autre côté, il y a des textes de l’Écriture que les docteurs orthodoxes et catholiques appliquent tantôt à la Sainte Vierge, tantôt à l’Église (par exemple le texte de l’apocalypse concernant la femme vêtue du soleil, couronnée des étoiles et ayant la lune sous ses pieds). Enfin on ne saurait révoquer en doute le lien intime et l’analogie parfaite entre l’humanité individuelle et l’humanité sociale du Christ, son corps naturel et son corps mystique. Dans le sacrement de la communion, le corps personnel du Seigneur devient d’une manière mystérieuse mais réelle le principe unifiant de son corps collectif — la communauté des fidèles. Ainsi l’Église, la société humaine divinisée, a au fond la même substance que la personne incarnée du Christ, son humanité individuelle, — et celle-ci n’ayant d’autre origine et d’autre essence