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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/340

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L’Homme la rejeta en préférant atteindre le but immédiatement, par lui-même, en violant l’ordre déterminé par la raison divine. Il voulut s’unir à la nature inférieure arbitrairement, en vertu de son propre désir, croyant par là s’approprier une royauté sans condition, une autocratie absolue, égale à celle de Dieu. Il ne voulut pas soumettre sa royauté à son sacerdoce ; et par là il devint incapable de satisfaire à ses vraies aspirations, de remplir sa mission prophétique. Le désir désordonné de s’unir avec la nature inférieure devait nécessairement soumettre l’Homme à cette nature ; et, comme conséquence inévitable, l’homme a dû contracter les traits distinctifs du monde matériel et extra-divin, il a dû se transformer selon l’image et selon la similitude de ce dernier. Or nous savons que le caractère essentiel de la nature en dehors de Dieu s’exprime 1° par une pluralité indéterminée dans l’espace ou la division infinie des parties ; 2° par un changement indéterminé dans le temps ou la disjonction infinie des moments et comme résultat de cette double division ; 3° par la transformation de toute causalité en mécanisme. Il est vrai que cette puissance du fractionnement infini et de la discorde universelle, caractère essentiel du Chaos, est limitée dans la création par l’action du verbe unifiant qui, sur le fond chaotique, construit le Cosmos. Mais dans la nature inférieure (avant l’apparition de l’homme) le fond du Chaos n’est pas sup-