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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/349

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société correspond assez bien au rapport entre les deux générations — la présente et la passée de la vie naturelle. Mais si cette analogie allait plus loin, si l’avenir du corps social se trouvait aussi représenté seulement ou principalement par la génération future, par les enfants qui remplacent leurs ancêtres pour être eux-mêmes remplacés par leur propre progéniture et ainsi de suite, — l’existence sociale se confondrait avec le mauvais infini de la vie naturelle, il n’y aurait plus d’histoire, plus de progrès, mais seulement un changement continuel et inutile. En vérité il n’en est pas ainsi. Dans chaque société il y avait, depuis les temps les plus anciens, outre les prêtres et les guerriers, une catégorie d’hommes de tous les âges, de tous les sexes et de tous les états, qui anticipaient l’avenir humain et répondaient aux aspirations idéales de la société où ils vivaient. Dans la vie naturelle le troisième terme, au lieu d’être la véritable unité du second et du premier, n’est au fond que leur simple répétition. La génération future ne représente l’avenir que d’une manière illusoire et éphémère, comme dans une série indéterminée un membre ne vaut pas plus qu’un autre. Dans l’ordre de la succession naturelle, la nouvelle génération, pour venir après les vieilles, n’est pas par elle-même plus avancée qu’elles, plus proche de l’idéal et de la perfection. C’est pour cela que le vrai progrès social, indépendamment de la succession