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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/35

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lement conditionnés par ces objets sacrés. Ainsi, en faisant la guerre aux images, les empereurs byzantins s’attaquaient non pas à une coutume religieuse, à un simple détail du culte, mais à une application nécessaire et infiniment importante de la vérité chrétienne elle-même. Prétendre que la divinité ne peut pas avoir une expression sensible, une manifestation extérieure, que la force divine ne peut pas employer pour son action des moyens visibles et représentatifs — c’est ôter à l’incarnation divine toute sa réalité. C’était plus qu’un compromis : c’était la suppression du christianisme. Comme dans les hérésies précédentes, sous l’apparence d’une discussion purement théologique, se cachait une grave question sociale et politique, de même le mouvement iconoclaste sous le prétexte d’une réforme rituelle voulait ébranler l’organisme social de la Chrétienté. La réalisation matérielle du divin signifiée, dans le domaine du culte, par les saintes images et les reliques, est représentée dans le domaine social par une institution. Il y a dans l’Église chrétienne un point matériellement fixé, un centre d’action extérieur et visible, — une image et un instrument du pouvoir divin. Le siège apostolique de Rome — cette icône miraculeuse du christianisme universel, — était directement engagé dans la lutte iconoclaste, puisque toutes les hérésies aboutissaient à renier la réalité de l’incarnation