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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/34

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nouveau compromis impérial entre la vérité chrétienne et l’antichristianisme.

L’union synthétique du Créateur et de la créature ne s’arrête pas dans le christianisme à l’être rationnel de l’homme, mais elle embrasse aussi son être corporel et, par l’intermédiaire de celui-ci, la nature matérielle de l’univers entier. Le compromis hérétique a tenté en vain de soustraire (en principe) à l’unité divino-humaine, d’abord 1°) la substance même de l’être humain en la déclarant tantôt absolument séparée de la Divinité (dans le nestorianisme) tantôt en l’y faisant disparaître complètement (dans le monophysitisme) ; puis 2°) la volonté et l’action humaines, l’être rationnel de l’homme, en l’absorbant dans l’opération divine (le monothélisme) ; après cela il ne restait que 3°) la corporéité, l’être extérieur de l’homme et, par lui, de toute la nature. Nier toute possibilité de rédemption, de sanctification et d’union avec Dieu pour le monde matériel et sensible — voilà l’idée fondamentale de l’hérésie iconoclaste.

Jésus-Christ ressuscité en chair a montré que l’existence corporelle n’était pas exclue de la réunion divino-humaine et que l’objectivité extérieure et sensible pouvait et devait devenir l’instrument réel et l’image visible de la force divine. De là le culte des saintes images et des reliques, de là la croyance légitime aux miracles matériel-