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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/362

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de Béthel, Moïse et l’Arche d’alliance, Salomon et son temple.

Tous les peuples (ou presque tous) ont eu dans leurs religions l’idée d’une femme divine et d’un homme divin, d’une Mère-Vierge et d’un fils de Dieu descendant sur la terre pour lutter contre les forces du mal, pour souffrir et pour vaincre. Mais on ne peut nier que ces idées universelles ont pris corps, qu’elles se sont réellement hypostasiées seulement au sein du peuple juif, dans les deux personnes historiques la Vierge Marie et Jésus-Christ. Ce phénomène unique suppose bien une histoire unique, une préparation ou une éducation spéciale de ce peuple. Cette conclusion devrait être obligatoire pour les rationalistes eux-mêmes. Et en effet, en dehors de tous les faits miraculeux dans le sens propre du terme, il y a dans le domaine social et politique un fait général qui distingue l’histoire du peuple d’Israël et lui donne un avantage essentiel sur les deux grandes nations qui, par leur génie original et créateur, sembleraient être appelées à un rôle prépondérant dans les destinées de l’humanité. Tandis que le développement national des Hindous ainsi que des Grecs s’est fait par la voie essentiellement critique et révolutionnaire et n’a abouti qu’à des résultats négatifs, le développement du peuple hébreu s’accomplissait généralement d’une manière organique ou évolutionnaire et a abouti à un résultat positif d’une valeur universelle im-