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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/361

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et très imparfaites, — mais elles étaient réelles et vraies. Ce n’étaient pas des reflets éloignés et des rayons épars de l’idée divine illuminant l’esprit d’un sage isolé, — c’étaient des manifestations substantielles de la sagesse divine elle-même, produites par l’action personnelle du Verbe et du Saint-Esprit, et s’adressant à toute la nation dans son être social. La sagesse divine entrait non pas seulement dans l’intelligence des Israélites, elle s’emparait de leur cœur et de leur âme, et en même temps elle leur apparaissait dans des formes sensibles.

Nous voyons en effet dans l’Ancien Testament une double série de manifestations divines : les phénomènes de la conscience subjective par lesquels Dieu parle à l’âme de ses justes, — les patriarches et les prophètes ; et les apparitions objectives par lesquelles la puissance ou la gloire divine (shékhinah) se manifeste devant tout le peuple en se fixant sur des objets matériels, comme l’autel du sacrifice ou l’arche d’alliance.

Ce double processus de la régénération morale et des théophanies extérieures devait atteindre son but ; ces deux courants théogoniques devaient se rencontrer et coïncider dans la création d’un être individuel qui, absolument saint et pur, dans son âme et dans son corps, pouvait incarner en soi Dieu non seulement moralement mais aussi physiquement, réunir en son seul être Jacob et la pierre