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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/389

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rapports entre l’Église et l’État païen. Mais s’il s’agit de l’État chrétien, il est incontestable qu’il représente le second pouvoir messianique, la Royauté du Christ et qu’il est comme tel engendré (en principe) par le premier pouvoir messianique, la paternité universelle.

La mission positive de l’État chrétien est d’incarner dans l’ordre social et politique les principes de la vraie religion. Ces principes sont représentés et gardés par l’Église (dans le sens strict du mot), la société religieuse qui a pour base la paternité spirituelle concentrée dans le pape, organisée dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, et pieusement reconnue par le corps des fidèles. L’Église, dans ce sens, est le fait religieux fondamental et la seule voie de salut que le Christ a ouverte à l’humanité. Mais le Christ, dans son œuvre non moins que dans sa personne, ne divise pas la voie de la vérité et de la vie. Et si la vérité est basée pour nous sur la doctrine de l’Église, et la vie spirituelle sur ses sacrements, il ne faut pas oublier que les fondements n’existent pas pour eux-mêmes, mais pour l’édifice complet. La religion véritable et vivante n’est pas une spécialité, un domaine séparé, un coin à part dans l’existence humaine. Révélation directe de l’absolu, la religion ne peut pas être quelque chose : elle est tout ou rien. Dès qu’on la reconnaît on est obligé de l’introduire, comme principe suprême et diri-