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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/395

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secours de l’État. S’il s’agit pour celui-ci de défendre ses sujets contre l’ennemi et de maintenir par les tribunaux et la police un bon ordre extérieur il peut bien se suffire à lui-même sans appeler à son aide l’Église chrétienne.

Mais le Christ n’a pas réuni le divin et l’humain dans sa personne individuelle pour les laisser séparés dans son corps social. Prêtre, Roi et Prophète, il a donné à la société chrétienne sa forme absolue dans la monarchie trinitaire. Avant fondé l’Église sur son Sacerdoce, ayant sanctionné l’État par sa Royauté, il a pourvu aussi à leur unité et à leur progrès solidaire en laissant au monde l’action libre et vivante de son esprit prophétique. Et comme le sacerdoce et la Royauté de l’Homme-Dieu manifestent son essence divine au moyen d’organes humains, il ne peut pas en être autrement pour son prophétisme. Il faut donc admettre dans le monde chrétien un troisième ministère principal — unité synthétique des deux premiers, offrant à l’Église et à l’État l’idéal parfait de l’Humanité divinisée, comme but suprême de leur action commune.

L’esprit prophétique n’a pu s’épuiser et s’éteindre dans le corps universel du Christ. Il souffle où il veut et il parle à tout le monde, aux prêtres, aux rois et aux peuples. Il dit aux gardiens de la tradition sacrée : « Ce n’est pas une tradition morte et inerte qui vous est confiée ; la révélation du Dieu