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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/407

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intense — c’est la vraie base et le type général de tout autre amour et de toute autre union. La parole de Dieu l’a prescrit et l’a béni, et l’Église perpétue cette bénédiction dans le sacrement du mariage, qui fait de l’amour sexuel véritable la première base positive de l’intégration divino-humaine. Car cet amour sanctifié crée les vrais éléments individuels de la société parfaite, de la Sophia incarnée.

Mais pour constituer l’homme social, l’élément individuel (réintégré par le vrai mariage) doit être réuni à la forme collective déterminée.

L’individu est intérieurement séparé de la société par le désir de valoir et de dominer extérieurement au nom de sa propre personnalité. Il rentre dans l’unité sociale par l’acte moral de l’abnégation, en subordonnant sa volonté, son intérêt et tout son ego à la volonté et à l’intérêt d’un être supérieur reconnu comme tel. Si l’amour conjugal est essentiellement une coordination de deux existences égales quoique différentes, l’amour social se traduit nécessairement par une subordination déterminée des unités sociales de différent ordre. Il ne s’agit pas ici de briser l’égoïsme brutal de l’homme par un sentiment intense qui le force à s’identifier avec un autre être (ce qui est déjà fait par l’amour sexuel) — il s’agit de rattacher l’existence individuelle à une hiérarchie générale dont les degrés sont fixés par le rapport formel entre le tout et ses parties, plus ou moins