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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/42

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contre l’hérésie, mais celle-ci une fois vaincue ne pouvait-on pas se passer du pape ? Le patriarche de la nouvelle Rome ne pourrait-il pas supplanter celui de l’ancienne ? Ainsi à chaque triomphe de l’orthodoxie, qui était toujours le triomphe de la papauté, succédait invariablement à Byzance une réaction anticatholique entraînant même les orthodoxes de bonne foi mais peu clairvoyants.

Cette réaction particulariste durait jusqu’à ce qu’une nouvelle hérésie plus ou moins impériale vint troubler les consciences orthodoxes et leur rappeler l’utilité d’un magistère vraiment ecclésiastique.

Quand, après 50 ans de domination dans l’empire d’Orient, l’arianisme officiel échoua dans ses tentatives d’envahir l’Église occidentale, et quand un espagnol, béni par les pontifes de Rome et de Milan, vint à Constantinople pour y restaurer l’orthodoxie, le rôle prépondérant que la papauté avait joué dans la grande lutte et dans le triomphe définitif du vrai dogme trinitaire ne manqua pas d’exciter la jalousie des sages hiérarques grecs, qui étaient semi-ariens sous Constance et Valens et qui devinrent tout à fait orthodoxes sous Théodose. Réunis (en 380) dans une assemblée qu’un grand saint de ce temps-là[1] a caractérisée par des paroles trop connues, ils

  1. Saint Grégoire le Théologien.