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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/43

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se constituèrent à eux seuls en concile œcuménique — comme si toute la chrétienté occidentale n’existait pas — remplacèrent arbitrairement le symbole de Nicée — cet étendard commun de l’orthodoxie universelle tant en Orient qu’en Occident — par une nouvelle formule de provenance exclusivement Orientale ; ils couronnèrent leur œuvre anticanonique en accordant à l’évêque de Constantinople, qui n’était qu’un suffragant de l’archevêque d’Héraclée, la dignité de premier patriarche de l’Église orientale au préjudice des sièges apostoliques d’Alexandrie et d’Antioche confirmés dans leurs droits par le grand concile de Nicée. Si les souverains pontifes avaient été en général aussi ambitieux qu’on aime à les représenter, ou mieux — si la défense de leur droits légitimes leur avait tenu plus à cœur que le maintien de la paix universelle, — la séparation des deux Églises aurait été inévitable dès 381. Mais la générosité et l’esprit chrétien du pape Damase surent prévenir cette calamité. Considérant que le symbole de Constantinople était aussi orthodoxe que celui de Nicée, et que l’article supplémentaire sur l’Esprit-Saint avait sa raison d’être — vu la nouvelle hérésie des pneumatomaques qui niaient que l’esprit procédât du Père, en faisant de la troisième hypostase une simple créature du Fils, — le pape approuva, en son nom et au nom de toute l’Église latine, l’acte dogmatique du