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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/45

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lique une formule équivoque laissant la porte ouverte à l’hérésie[1]. Et quand ils eurent échoué, ils transportèrent leur action anticatholique sur un autre terrain, en proclamant dans une séance illégale la primauté de juridiction du patriarche impérial sur tout l’Orient et son égalité avec le pape. Cependant cet acte, dirigé contre le souverain pontife, dut être humblement soumis par les grecs à la confirmation du pape lui-même, qui le cassa complètement. Ainsi, malgré tout, le concile de Chalcédoine resta dans l’histoire comme un triomphe éclatant de la papauté. Le parti des orthodoxes anticatholiques ne pouvait pas se résigner à un tel résultat. La réaction fut cette fois décisive et persistante. L’orthodoxie pure étant trop romaine, on fit des avances à l’hérésie. Le patriarche Acacius favorisa l’hénoticon de l’empereur Zénon, — un compromis avec le monophysitisme. Excommunié par le pape, il eut le triste privilège de donner son nom au premier schisme formel entre l’Orient et l’Occident. Mais les principales circonstances de cette réaction anticatholique l’empêchèrent de se transformer en une scission définitive. Le parti semi-orthodoxe s’était discrédité dans le schisme d’Acacius par les concessions qu’il

  1. Ce triste épisode est quelque peu gazé dans les actes du Concile, mais il ressort avec une parfaite clarté dans le récit de l’historien ecclésiastique Evagrius.