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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/47

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hiérarques grecs n’était pas sincère : ils rêvaient toujours une entente avec les monophysites contre le siège de saint Pierre. Mais leurs sourdes menées n’empêchèrent pas une nouvelle manifestation de la puissance pontificale (consignée dans les livres liturgiques de l’église gréco-russe), quand le pape saint Agapète, venu à Constantinople pour des raisons politiques, déposa, par sa propre autorité, un patriarche suspect de monophysitisme, le remplaça par un orthodoxe et obligea tous les évêques grecs à souscrire de nouveau la formule d’Hormisdas. Cependant les armes de Justinien triomphaient en Afrique et en Italie ; Rome était reprise aux Ostrogoths et le pape redevenait de fait un sujet de l’empereur byzantin. Dans ces conditions et sous l’influence des velléités monophysites de son épouse, Justinien changea de conduite à l’égard du chef de l’Église. Le parti anticatholique leva la tête, et le pape Vigile, prisonnier à Constantinople, dut subir toutes les conséquences d’une réaction victorieuse. Le docteur suprême de l’Église sauvegarda son orthodoxie, mais il se vit profondément humilié dans sa dignité de chef souverain du gouvernement ecclésiastique ; et bientôt après un évêque de Constantinople se crut assez fort pour usurper le titre de patriarche œcuménique. Cet évêque, orthodoxe dans sa doctrine, ascète exemplaire dans sa vie privée, réalisait l’idéal du grand parti anticatholique.