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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/48

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Mais une nouvelle fantaisie impériale suffit pour dissiper l’illusion de cette orthodoxie précaire. Dans l’idée de l’empereur Héraclius, le monothélisme, en réunissant les orthodoxes avec les monophysites modérés, devait rétablir la paix dans l’empire, consolider la religion grecque et l’émanciper définitivement de toute influence romaine.

Le haut clergé dans tout l’Orient embrassa ces vues sans réserves. Les sièges patriarcaux furent occupés par des séries interrompues d’hérétiques plus ou moins zélés, et le monothélisme devint pour un demi-siècle la religion officielle de tout l’empire grec comme le semi-arianisme l’avait été du temps de Constance. Les champions héroïques de l’orthodoxie, quelques moines avec saint Maxime le Confesseur à leur tête se réfugièrent à Rome. Et encore une fois l’apôtre Pierre confirma ses frères.

Une longue succession de papes, depuis Sévérin jusqu’à saint Agathon, opposèrent à l’erreur impériale une résistance inébranlable ; et l’un d’eux, saint Martin, arraché de l’autel par des soldats et traîné comme un criminel de Rome à Constantinople et de là en Crimée, donna sa vie pour la foi orthodoxe. La vérité religieuse et la force morale après cinquante ans de lutte eurent enfin le dessus. L’empire puissant, avec son clergé mondain, capitula encore une fois devant un pontife pauvre et désarmé.

Au concile de Constantinople (sixième œcuménique),