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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/52

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significatif et pas assez remarqué : depuis 842, il n’y eut plus un seul empereur hérétique ou hérésiarque à Constantinople et la concorde entre l’Église et l’État grecs ne fut pas une seule fois sérieusement troublée. Les deux pouvoirs se comprirent et se donnèrent la main : ils étaient liés ensemble par une idée commune : la négation du christianisme comme force sociale, comme principe moteur du progrès historique. Les empereurs embrassèrent à tout jamais l’orthodoxie comme dogme abstrait, et les hiérarques orthodoxes bénirent in sæcula sæculorum le paganisme de la vie publique. Et puisque sine sanguine nullum pactum, une hécatombe magnifique de cent mille pauliciens scella l’alliance du Bas-Empire avec la Basse-Église.

Cette soi-disant orthodoxie byzantine n’était en vérité que l’hérésie rentrée. Le vrai dogme central du christianisme, c’est l’union intime et complète du divin et de l’humain sans confusion et sans division. La conséquence nécessaire de cette vérité (pour nous borner à la sphère pratique de l’existence humaine), c’est la régénération de la vie sociale et politique par l’esprit de l’Évangile, c’est l’État et la société christianisés. Au lieu de cette union synthétique et organique du divin et de l’humain, on procéda par la confusion des deux éléments, par leur division, par l’absorption et la suppression de l’un ou de l’autre. D’abord on a confondu le divin et l’humain dans la ma-