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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/51

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les derniers restes de l’hérésie impériale et à l’englober avec toutes les autres dans un anathème solennel[1]. En effet, l’orthodoxie byzantine pouvait triompher en 842 : sa lumière et sa gloire, le grand Photius, apparaissait déjà à la cour de la pieuse impératrice Théodora (celle qui fit massacrer cent mille hérétiques pauliciens) pour passer bientôt au trône des patriarches œcuméniques.

Le schisme inauguré par Photius (867) et consommé par Michel Cérullaire (1054) était intimement lié au « triomphe de l’orthodoxie » et réalisait complètement l’idéal rêvé depuis le IVe siècle par le parti des orthodoxes anticatholiques. Le vrai dogme définitivement établi, toutes les hérésies condamnées sans retour et le pape devenu inutile, il ne restait qu’à couronner l’œuvre en se séparant formellement de Rome. C’était aussi la solution qui convenait le mieux aux empereurs byzantins, qui comprirent enfin qu’il ne valait pas la peine d’éveiller, par des compromis dogmatiques entre le christianisme et le paganisme, la susceptibilité religieuse de leurs sujets et de les jeter dans les bras de la papauté quand on pouvait très bien concilier une stricte orthodoxie théorique avec un état politique et social purement païen. Fait très

  1. La mémoire de cet acte a été perpétuée par une fête qui porte le nom de « triomphe de l’orthodoxie » et où l’on répète l’anathème de 842.