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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/55

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dévouement exprimé dans une courte formule de prière qu’on doit répéter invariablement chaque jour aux heures fixées — voilà tout le fond religieux de l’esprit oriental, qui a dit son dernier mot par la bouche de Mahomet. À cette simplicité de l’idée religieuse correspond une conception non moins simple du problème social et politique : l’homme et l’humanité n’ont pas de progrès essentiels à faire ; il n’y a pas de régénération morale pour l’individu et à plus forte raison pour la société ; tout est rabaissé au niveau de l’existence purement naturelle ; l’idéal est réduit dans une mesure qui lui assure une réalisation immédiate. La société musulmane ne pouvait pas avoir d’autre but que l’expansion de sa force matérielle et la jouissance des biens de la terre. Propager l’Islam par les armes et gouverner les fidèles avec un pouvoir absolu et selon les règles d’une justice élémentaire fixées dans le Koran — voilà toute la tâche de l’État musulman, tâche qu’il lui serait bien difficile de ne pas remplir avec succès. Malgré le penchant au mensonge verbal, inhérent à tous les Orientaux comme individus, l’accord parfait entre les croyances et les institutions donne à toute la vie musulmane un caractère de vérité et d’honnêteté que le monde chrétien n’a jamais pu atteindre. Sans doute la chrétienté dans son ensemble est en voie de progrès et de transformation ; et la hauteur même de son idéal ne