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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/61

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cesseurs. C’était la politique de l’empereur Henri IV et du roi Philippe le Bel, et non pas celle de leurs saints prédécesseurs, qui faisait la règle générale ; c’était la politique qui préparait la réforme de Luther et justifiait d’avance la Révolution française. L’empire allemand engendré par le pontificat romain rompit ce lien de filiation, se posa en rival de la papauté. Ce fut le premier pas et le plus important dans la voie révolutionnaire. La rivalité entre le fils et le père ne pouvait pas être le principe organique d’un ordre social. En épuisant ses forces durant deux siècles dans une lutte antichrétienne, en attaquant la base même de l’unité catholique, l’empire allemand perdait de fait et de droit sa suprématie internationale. Sans se soucier de cet empire romain fictif, tous les états européens se constituaient en corps complets et absolument indépendants. Et ce fut encore la papauté qui, tout en se défendant contre les attaques de l’empire allemand, dut prendre sur soi la grande tâche qu’il était indigne et incapable de remplir.

Nous n’avons pas à louer ou à défendre ici l’œuvre historique d’un Grégoire VII ou d’un Innocent III. Elle a trouvé dans ce siècle des apologistes et des panégyristes parmi des historiens protestants distingués, comme Voigt, Hurter, Neander. Dans tout ce que les grands papes du moyen âge, en dehors du domaine purement spirituel, ont