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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/60

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velle société occidentale avait sur l’empire byzantin un avantage énorme : la conscience de ses maux et un besoin profond de s’en délivrer, — témoins ces innombrables conciles convoqués par les papes, les empereurs et les rois pour faire des réformes morales dans l’Église, pour rapprocher l’état social de l’idéal chrétien. Le succès de ces réformes était incomplet, mais il est à remarquer qu’on s’en préoccupait, qu’on ne voulait pas accepter en principe la contradiction entre la vérité et la vie, comme l’a fait le monde byzantin qui n’a jamais pensé à accorder son état social avec sa foi, qui n’a jamais entrepris aucune réforme morale, qui ne s’intéressait dans ses conciles qu’à des formules dogmatiques et à des prétentions hiérarchiques.

Mais en rendant toute la justice à Charlemagne et à Othon le Grand, à saint Henri et à saint Louis, il faut avouer qu’en somme la monarchie du moyen âge, — autant sous la forme fictive de l’Empire romain que sous la forme réelle d’une royauté nationale — n’a pas rempli la mission de l’État chrétien, n’a pas réussi à organiser définitivement la société selon l’idéal chrétien. Ces grands souverains eux-mêmes étaient bien loin de comprendre le problème social et politique du christianisme dans toute sa plénitude ; et leur conception, tout imparfaite qu’elle fût, se trouva bientôt trop élevée pour leurs suc-