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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/89

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aux communions occidentales, constituerait, selon eux, le vrai fond de notre essence nationale. Voici de prime abord un cercle vicieux des plus évidents. Si nous demandons quelle est la raison d’être historique de l’Église orientale séparée, on nous dit : C’est d’avoir formé et élevé spirituellement le peuple russe. Et quand nous voulons savoir quelle est la raison d’être de ce peuple, on répond : C’est d’appartenir à l’Église Orientale séparée. On est amené dans cette impasse par la difficulté de bien déterminer ce qu’on entend par l’orthodoxie qu’on voudrait monopoliser à notre profit. Cette difficulté n’existe pas pour les gens du peuple qui sont vraiment orthodoxes en bonne conscience et dans la simplicité de leur cœur. Interrogés avec intelligence sur leur religion, ils vous diront qu’être orthodoxe c’est être baptisé chrétien, porter sur la poitrine une croix ou une sainte image quelconque, adorer le Christ, prier la sainte Vierge très immaculée[1]

    gieux. Si la Russie est appelée à apporter sa parole au monde, ce n’est pas des régions brillantes de l’art et des lettres, ni des hauteurs superbes de la philosophie et des sciences, — ce n’est que des sommets sublimes et humbles de la religion que cette parole doit retentir. Mes lecteurs russes et polonais peuvent trouver la preuve détaillée de cette thèse dans la deuxième édition de mon ouvrage « La Question nationale en Russie, » dont le dernier chapitre a été traduit en polonais par M. Bénoni et publié en brochure sous le titre « La Russie et l’Europe. »

  1. « Très immaculée » ou « toute immaculée » (vsénéporotchnaïa) est l’épithète constante ajoutée au nom de la sainte Vierge dans nos livres liturgiques, traduite du grec παντάµωµος ; et autres mots analogues.