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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/94

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Russie consiste à nier le « filioque, l’Immaculée Conception, l’autorité du pape ». C’est ce dernier point surtout qui vous importe. Les autres — vous le savez bien — ne sont que des prétextes, mais le Souverain Pontife, voilà l’ennemi. Toute votre « orthodoxie » et toute votre « idée russe » n’est donc, au fond, qu’une protestation nationale contre la puissance universelle du pape. Mais au nom de quoi ? C’est ici que commence la vraie difficulté de votre situation. Cette haine protestante contre la monarchie ecclésiastique devrait, pour parler à l’esprit et au cœur, être justifiée par quelque grand principe positif. À la forme du gouvernement théocratique que vous désapprouvez, il vous faudrait opposer une autre forme meilleure. Et c’est précisément ce qu’il vous est impossible de faire. Quelle espèce de constitution ecclésiastique avez-vous pour en faire bénéficier les peuples occidentaux ? Irez-vous leur préconiser le gouvernement conciliaire, leur parler de conciles œcuméniques ? Medice, curate ipsum ! Pourquoi l’Orient n’a-t-il pas opposé un vrai concile œcuménique à celui de Trente, ou à celui du Vatican ? D’où vient ce silence impuissant de la vérité en face de l’erreur qui s’affirme solennellement ? Depuis quand les gardiens de l’orthodoxie sont-ils devenus des chiens lâches qui ne savent aboyer que derrière le mur ? De fait, tandis que les grandes assemblées de l’Église continuent à occuper une place marquée dans la doctrine et