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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/154

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la mer Noire. La vérité est qu’il n’y avait aucune nouvelle des familles disparues. La légende couva et grandit dans l’esprit de mes paysans ; au printemps, ils choisirent un délégué, un soldat retraité du nom de Balmakof, coquin inventif et hâbleur. C’est toujours un soldat retraité, ayant vu du pays et délié sa langue, qui est le promoteur des migrations. La commune se cotisa, munit Balmakof d’une somme ronde, et l’envoya en ambassade à trois cents lieues d’ici, dans le gouvernement d’Ékatérinoslaf, sur la mer d’Azof, avec cette mission vague et textuelle : « Chercher un endroit où l’on fût mieux. »

Le soldat partit, comme la colombe de l’arche. Il revint après la moisson et raconta aux paysans que les autorités du gouvernement d’Ékatérinoslaf lui avaient promis de concéder de la terre, à raison de neuf arpents par