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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/49

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cette espérance insensée ; elle l’attendait, comme le naufragé attend sur l’océan la voile improbable, comme elle eût attendu un miracle dans l’église si le prêtre l’avait annoncé.

À mesure que l’aiguille tournait, dépêchant les heures, cette attente se trahissait plus fébrile dans les yeux de l’accusée. Le président du tribunal l’interrogea une dernière fois. À toutes les questions elle ne répondait que ces quelques mots répétés à satiété :

« Je suis innocente. Je ne sais rien du feu. Qu’on demande à Anton Pétrovitch, qu’il vienne ; il dira ce qu’il faut. Je ne sais rien de ce qui est arrivé. Je suis innocente. »

Elle le disait avec un tel accent de sincérité que la conviction de beaucoup était visiblement ébranlée, malgré les présomptions accumulées. Par ce qui se passait dans mon