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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/69

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vers le passé ! Vous êtes mon prisonnier, ma victime ; puisque j’ai trouvé une paire d’oreilles complaisantes, j’y vide sans pitié mon sac à souvenirs.

En 1877, quand la guerre d’Orient, qu’on supposait devoir être une marche triomphale, se dessina comme une partie sérieuse, avec ses alternatives de succès et de revers, on appela les réserves, et beaucoup d’anciens officiers reprirent du service. Je fus de ceux-là. J’obtins d’être replacé à l’armée du Caucase, dans ce régiment d’Érivan où j’avais passé quelques années de ma jeunesse ; j’emmenai mon Pétrouchka, qui appartenait à une des classes rappelées. Je dois dire qu’il marquait peu d’empressement à aller délivrer ses frères slaves et que je me défiais de ses qualités guerrières ; en revanche, je connaissais ses aptitudes musicales et je lui fis donner un emploi de fifre, vacant