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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome14.djvu/147

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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

Anacréon moins vieux fit de bien moins jolies choses. Si les Grecs avaient eu des écrivains tels que nos bons auteurs, ils auraient été encore plus vains ; nous leur applaudirions aujourd’hui avec encore plus de raison.

Sainte-Marthe (Gaucher de). Cette famille a été pendant plus de cent années féconde en savants. Le premier Gaucher de Sainte-Marthe fut Charles, qui fut éloquent pour son temps. Mort en 1555.

Scévole, neveu de Charles, se distingua dans les lettres et dans les affaires. Ce fut lui qui réduisit Poitiers sous l’obéissance de Henri IV. Il mourut à Loudun, en 1623, et le fameux Urbain Grandier prononça son oraison funèbre.

Abel de Sainte-Marthe, son fils, cultiva les lettres comme son père, et mourut en 1652. Son fils, nommé Abel comme lui, marcha sur ses traces ; mort en 1706.

Scévole et Louis de Sainte-Marthe, frères jumeaux, fils du premier Scévole, enterrés tous deux à Paris, dans le même tombeau, à Saint-Severin, furent illustres par leur savoir. Ils composèrent ensemble le Gallia christiania. Scévole, mort en 1650 ; Louis, mort en 1656.

Denis de Sainte-Marthe[1] leur cousin, acheva cet ouvrage[2]. Mort à Paris en 1725.

Pierre-Scévole de Sainte-Marthe, frère aîné[3] du dernier Scévole, fut historiographe de France. Mort en 1690.

Saint-Évremond (Charles de Saint-Denis, de), né en Normandie en 1613. Une morale voluptueuse, des lettres écrites à des gens de cour, dans un temps où ce mot de cour était prononcé avec emphase par tout le monde, des vers médiocres, qu’on appelle vers de société, faits dans des sociétés illustres, tout cela avec beaucoup d’esprit contribua à la réputation de ses ouvrages. Un nommé des Maizeaux les a fait imprimer, avec une vie de l’auteur, qui contient seule un gros volume ; et dans ce gros volume il n’y a pas quatre pages intéressantes. Il n’est grossi que des mêmes choses qu’on trouve dans les Œuvres de Saint-Évremond[4] : c’est un artifice du libraire, un abus du métier d’édi-

  1. Né le 24 mai 1650.
  2. C’est-à-dire qu’il en commença une nouvelle édition refondue, dont il publia les trois premiers volumes de 1715 à 1725. On a mis au jour, en 1785, le treizième volume de cette nouvelle édition, qui ne se trouve pas terminée. (B.)
  3. Né en 1618, il était, non le frère, mais le fils aîné du Scévole mort en 1650.
  4. Voyez, page 52, l’article Charleval. Voltaire parle de Saint-Évremond dans la septième de ses Lettres à Son Altesse Monseigneur le prince de***.