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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/309

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des flammes. Tout le pays fut en armes, et rempli de brigands. Varus fut obligé d’accourir lui-même avec des forces supérieures, et de punir les rebelles. Pendant que Varus pacifiait la Judée, Hérode Archélaus et son frere Hérode Antipas plaidaient leur cause aux pieds d’Auguste. Ils la perdirent tous-deux ; aucun ne fut roi. L’empereur donna Jérusalem et Samarie à Archélaus ; il ne lui accorda que le titre d’ethnarque, et lui promit de le faire roi s’il s’en rendait digne. Hérode Antipas obtint la Galilée, et quelques terres au-delà du Jourdain. Un troisieme Hérode leur frere, surnommé Philippe, eut les montagnes de la Trachonite, et le pays stérile de la Bathanée. Joseph, qui ne perd pas une occasion de vanter son pays, dit que le revenu d’Archélaus fut de quatre cents talents, celui d’Hérode-Antipas de deux cents, et le troisieme de cent. Ainsi tout le royaume aurait valu sept cents talents, quatre millions cent mille livres de net, après avoir payé le tribut à l’empereur. Toute la Judée ne vaut pas cinq cents mille livres aux turcs : il y a loin de-là aux vingt-cinq milliards de David et de Salomon. Auguste, neuf ans après, exila l’ethnarque Archélaus à Vienne dans les Gaules, et réduisit son état en province romaine sous le gouvernement de la Syrie. Après la mort d’Auguste, il parut sous l’empire de Tibere un petit-fils d’Hérode Le Grand, qui avait pris le nom d’Agrippa. Il cherchait quelque fortune à Rome ; il n’y trouva d’abord que la prison, dans laquelle Tibere le fit enfermer. Caligula lui donna la petite tétrarchie d’Hérode Philippe son oncle, et enfin lui accorda le titre de roi. C’est lui qui fit mettre aux fers saint Pierre, et qui condamna saint Jacques Le Majeur à la mort. Nous voici donc parvenus au temps de Jesus-Christ et de l’établissement du christianisme. Dans notre profonde vénération pour ces objets, contents d’adorer Jesus, et fuyant toute dispute, nous nous bornerons aux faits indisputables, divinement consignés dans le nouveau testament. Nous ne parlerons pas même des évangiles nommés apocryphes, dont plusieurs ont passé chez les savants pour être plus anciens que les quatre reconnus par l’église. Nous nous en tenons à ces quatre qui sont sacrés. Dans ces quatre nous ne choisissons que l’historique ; et nous n’en prenons que les passages les plus importants, pour tâcher d’être courts sur un sujet inépuisable.