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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/499

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moi, j’ai un peu abandonné la poésie dans la campagne où je suis :

Non cadem ætas, non vis.
Olim poteram cantando ducere noctes[1] ;

mais à présent je songe à vivre.

Quid verum atque decens euro et rogo, et omnis in hoc sum.

(Hor., liv. I, ep. i, v. 11.)

Un peu de Philosophie, l’histoire, la conversation, partagent mes jours.

Duco sollicitæ jucunda oblivia vitæ.

(Hor., liv. II, sat. vi, v. 62.)

Cette Vie sera plus heureuse encore si vous me donnez part les fruits de votre loisir. Je suis fâché que la Champagne soit si loin du Lignon ; mais c’est véritablement vivre ensemble que de se communiquer les productions de son esprit et les sentiments de son âme.


465. Á M. L′ABBÉ DE BRETEUIL

[2].

Vénus et le dieu de la table,
Et Martelière à leur côté,
Chantaient tous trois un air aimable,
Que tous trois vous avaient dicté ;
Mais bientôt réduits à se taire,
Quelle douleur trouble leurs sens,
Quand on leur dit qu’en son printemps
Le plus gai, le plus fait pour plaire,
Des convives et des amants,
Laissait là Comus et Cythère
Pour être grand-vicaire à Sens !
Plaisirs, Amours, troupe légère
Il faut calmer votre douleur :
La sainte Église aura beau faire.
Vous serez toujours dans son cœur.

  1. Réminiscence de Virgile, églog. ix 52.
  2. Élisabeth-Théodose Le Tonnellier, né le 8 décembre 1712. frère puîné de la marquise du Chàtelet. Cette lettre est sans doute postérieure de quelques années à 1735 ; il est peu probable que l’abbé de Breteuil ait été nommé grand vicaire à vingt-deux ans. (Cl.)