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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/199

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1565. — À M. DE CIDEVILLE.
À Paris, ce 23 mars.

Mon cher ami, tâchons donc de nous rassembler, car ce n’est vivre qu’à demi que de vivre sans vous. Une place à table à côté de mon cher Cideville vaut mieux qu’une place à l’Académie ce n’est pas beaucoup dire. Je solliciterai toujours la première place, et jamais la seconde. Je vous embrasse tendrement. J’ai bien envie de connaître M. de Béthencourt en prose ses vers m’ont déjà charmé.


1566. — À M ***[1].
27 mars 1743.

Serais-je un impudent si je vous demandais la permission de venir dîner chez vous aujourd’hui ? Je sais que vous avez un certain abbé de Valori à qui je voudrais que tout le clergé ressemblât, et un lieutenant de police à qui je veux plaire[2]. Mais ne vous déplairai-je point ? N’avez-vous point trop de maîtres des requêtes ? Ne serais-je point terriblement intrus dans votre sanctuaire ? Refusez-moi si je suis un profane, et conservez-moi des bontés qui me sont bien précieuses, et que je mérite par mon tendre respect pour vous et par l’extrême envie que j’ai de vous faire plus souvent ma cour.


1567. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Mars.

Quand les autres en ont gros comme un moucheron, j’en ai gros comme un chameau[3]. Quoique j’aie commencé longtemps avant mes anges, je ne crois pas que j’aie la force de sortir aujourd’hui de mon lit. Si je sortais, ce ne serait pas pour Mérope. Je suis trop heureux que ces cahiers vous amusent en voilà six autres. J’aurai soin du quatrième acte d’Adélaïde, mais c’est sur Zulime que je compte le plus. Si j’étais plus jeune et moins persécuté, je travaillerais encore. Je suis venu dans le temps de barbarie. Je ne sais rien de cette Académie ; tout ce que je sais, c’est qu’il est bien cruel que deux hommes[4] puissants se soient

  1. Éditeurs, Bavoui et François.
  2. Marville.
  3. Il avait alors la grippe. Voyez ci-après la lettre 1571.
  4. Boyer et Maurepas ; voyez tome XXIII, page 205.