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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/245

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Je n’ajoute rien à ce détail simple et exact. J’omets, en faveur de la brièveté, les raisons que j’ai fait valoir. Je n’ai mis ici que la substance.

Ce 6 septembre.

Depuis cet entretien j’en ai eu plusieurs autres ; j’ai même reçu des billets de son appartement au mien.

Le résultat est que je l’ai fait convenir que la cour de France ne peut avoir de part à cette proposition faite à Mayence contre lui. En effet vous n’avez pas voulu offenser un roi que vous avez tant d’intérêt de ménager.

Étant instruit que le parti pacifique commençait à s’accréditer en Hollande, et sachant ce qui s’est passé d’un autre côté entre les régents, et d’un autre entre les principaux bourgmestres d’Amsterdam et l’abbé de La Ville, j’en ai rendu compte à Sa Majesté prussienne j’ai fait valoir cette conjoncture, et j’ai obtenu au moins qu’elle donnât ordre à son ministre à la Haye de presser la paix et de parler avec vigueur. Allez, lui a-t-il dit en propres termes, faites-moi respecter. Mais ce ministre en Hollande ne doit pas communiquer avec M. de Fénelon ; le roi de Prusse veut paraître impartial. Cependant il arrête toujours les munitions de guerre des Hollandais ; je vois qu’il formera à Baireuth le plan de sa conduite dans l’empire. Je ne sais s’il me mettra du voyage ; ma situation pourra devenir très-épineuse, on a donné des ombrages.

Je vous écris peu de choses ; mais j’en ai beaucoup à vous dire, et qui vous concernent. Vous verrez si je vous suis dévoué.


1608. — À M. LE MARQUIS DE VALORI[1].
Du 7 septembre.

Ce mardi au soir[2]. Je me prive d’un grand et beau souper pour griffonner le petit mémoire ci-joint. Vous y verrez l’effet

  1. Gui-Louis-Henri de Valori, souvent cité dans la Correspondance, de 1739 à 1744, naquit à Menin le 12 octobre 1692. Il commença par être militaire, et devint colonel. Envoyé, en 1739, auprès du roi de Prusse Frédéric-Guillaume, en remplacement de La Chétardie, il dénigra d’abord Voltaire à Berlin, et déplut au prince royal. Cependant l’auteur de la Henriade ne s’en fâcha pas, et Frédéric, devenu roi, revint des premières impressions qu’il avait conçues contre Valori, qui resta auprès de lui, comme envoyé extraordinaire, depuis 1740 jusqu’en 1750, année où il fut relevé par milord Tyrconnell. Le 10 mai 1748, il avait été promu au grade de lieutenant général. Il mourut en 1774, selon le comte Henri de Valori, qui a publié, en 1820, deux volumes de Mémoires des négociations de son parent le marquis de Valori. (Cl.)
  2. En 1743 le 7 septembre était un samedi.