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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/29

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Et je vous adresse l’ouvrage[1]
Et si j’avais, dans mon écrit,
Parlé des forces de l’esprit,
Je vous devrais le même hommage.

Je vous supplie, monsieur, quand vous aurez un moment de loisir, de me mander si vous êtes de mon avis. Il se peut faire que vous n’en soyez point, quoique je sois du vôtre, et que j’aie très-mal soutenu une bonne cause.

Mme du Châtelet l’a mieux attaquée que je ne l’ai soutenue. Vous devriez troquer d’adversaire et de défenseur. Mais nous sommes, elle et moi, très-réunis dans les sentiments de la parfaite estime avec laquelle je serai toute ma vie, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

1418. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL[2].
À Bruxelles, le 13 mars.
au très-aimable secrétaire de mon ange gardien.

Près de vous perdre la lumière,
C’est doublement être accablé.
Qui vous entend est consolé ;
Mais celui qui, sachant vous plaire,
Vous aime et vit auprès de vous,
Celui-là n’a plus rien à craindre
Quoi qu’il perde, son sort est doux,
Et les seuls absents sont à plaindre.

Cependant il faut que mon cher et respectable ami cesse d’être quinze-vingts, car encore faut-il voir ce que l’on aime.

Quand il vous aura bien vue, madame, je vous demande en grâce à tous deux de lire le nouveau Mahomet, qui est tout prêt. Je l’ai remanié, corrigé, repoli de mon mieux. Il est nécessaire qu’il soit entre vos mains avant Pâques, si mon conseil ordonne qu’il soit joué cette année.

Je n’ai vu aucune des pauvretés qui courent dans Paris. Nous

  1. Les Doutes sur la mesure des forces vives, cités au commencement de la lettre 1413.
  2. Voyez, tome XXXIV, une note sur la lettre 785.