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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/347

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pour me consoler et pour me juger. Que n’êtes-vous venu pour m’aider ! Adieu ; je vous aime autant que j’écris peu. V.


1698. — À M. THIERIOT[1].
Versailles … 1745.

Je suis à Versailles en retraite, mon cher Thieriot. Je n’y vois personne. Je travaille beaucoup, et rien ne m’y manque que vous. Je brave ici la fortune dans son temple, et je fais à Versailles le même personnage qu’un athée dans une église. Ne m’oubliez pas, quoique je sois retiré du monde.

Lefèvre, notre petit peintre, m’a promis qu’il irait travailler dimanche chez monsieur le lieutenant civil[2]. Si on venait le prendre, ayez donc la bonté, mon cher ami, de l’y mener de très-bonne heure. Si vous pouviez voir monsieur le lieutenant civil avant ce temps, et lui rendre cette lettre cachetée avec enveloppe, je vous serais très-obligé. Écrivez-moi, si votre paresse vous le permet.


À Versailles, ce mercredi matin, à l’hotel de Villeroi.

Les deux airs de tête que M. Lefèvre doit prendre sont à la bataille d’Ivry et au premier chant[3], gravés l’un par Thomassin et l’autre par Desplaces. Ces deux estampes sont sûrement dans la maison de Mme de Bernières ; je les ai laissées ou dans son appartement, ou dans la chambre que j’ai occupée en dernier lieu.


1699. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON.
Le 8 février.

Je vous renvoie, monseigneur, le manuscrit que vous avez bien voulu me confier. L’auteur n’a pas la courte haleine s’il prononce, sans respirer, ses périodes. C’est un peu se moquer du monde que de dire que ce duc co-régent[4] n’aurait pas où reposer son chef s’il devenait veuf ; il aurait l’administration des pays héréditaires de la maison d’Autriche, jusqu’à la majo-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. D’Argourgesde Fleury, lieutenant civil depuis 1710.
  3. De la Henriade. (A. F.)
  4. François-Étienne de Lorraine, grand-duc de Toscane en 1737, co-régent des États autrichiens en 1741, empereur d’Allemagne en septembre 1745 ; voyez tome XIII, page 614.