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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/355

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n’est que spectateur de la tyrannie ignorante des médecins. Guérissez la maladie épidémique de l’Europe ; empêchez les araignées[1] de se manger, et conservez-moi vos bontés.

J’espère revenir avant que vous partiez pour aller faire la paix, à la tête des armées.

Adieu, monseigneur ; personne ne s’intéressera jamais à votre gloire et à votre bonheur autant que votre très-ancien serviteur.


1714. — À M. DUCLOS[2].
Avril.

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J’en ai déjà lu cent cinquante pages[3] ; mais il faut sortir pour souper ; je m’arrête à ces mots :

« Ce brave Huniade Corvin, surnommé la terreur des Turcs, avait été le défenseur de la Hongrie, dont Ladislas n’avait été que le roi. »

Courage il n’appartient qu’aux philosophes d’écrire l’histoire. En vous remerciant bien tendrement, monsieur, d’un présent qui m’est bien cher, et qui me le serait quand même vous ne me le seriez pas. Je passe à votre porte pour vous dire combien je vous aime, combien je vous estime, et à quel point je vous suis obligé, et je vous l’écris dans la crainte de ne pas vous trouver. Bonsoir, Salluste.


1715. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
À Paris, ce 29 avril.

Je tremble que nos tristes aventures en Bavière ne déterminent le roi de Prusse à faire une seconde paix. Vous êtes, monseigneur, dans des circonstances bien critiques, et nous aussi. Si cela continue, le bel emploi que celui d’historiographe !

Mon tendre attachement pour vous fait ma consolation.

  1. Voyez plus haut la lettre 1689.
  2. Charles Pineau Duclos, né à Dinant en Bretagne, en 1704, historiographe de France en 1750, secrétaire perpétuel de l’Académie française en 1755, mort le 26 mars 1772. Voltaire a parlé dans la lettre 1486 des Confessions du comte de ***. Son Histoire de Louis XI parut en 1745-46, et forme 4 volumes in-12. Ses Considérations sur les mœurs sont de 1750.
  3. De l’Histoire de Louis XI.